Cover
Titel
Arnex-sur-Orbe: un village, ses habitants, au fil des siècles.


Autor(en)
Morel, Charles-Louis
Erschienen
Yverdon-les-Bains 2008: Editions de la Thièle
Anzahl Seiten
336 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
David Auberson

Première monographie consacrée au passé de cette commune du district du Jura-Nord vaudois, l’ouvrage de Charles-Louis Morel, court des temps les plus reculés jusqu’à nos jours. Ce volume relié et muni d’une riche iconographie (238 illustrations), est dédié par son auteur «aux habitants d’aujourd’hui et de demain [pour qu’ils] n’oublient pas les repères importants qui ont jalonné le développement de ce village.» Au fil des 36 chapitres de ce volume, nous découvrons un territoire et l’évolution d’une communauté humaine de la fin du Moyen Âge au début du IIIe millénaire. Les chapitres n’excèdent que rarement une douzaine de pages et sont agrémentés d’illustrations. En introduction à de nombreux chapitres, l’auteur, un agronome retraité et enfant du village, prend soin de contextualiser le sujet qu’il va présenter au lecteur, de même on trouve d’utiles définitions de mots provenant du patois en relation avec la vie agricole et villageoise ou tout simplement tombés de nos jours en désuétude.

Débutant par des données statistiques (2008) et les secteurs d’activités économiques de la commune, ses autorités et les différentes sociétés inhérentes à la vie villageoise, l’auteur rappelle l’origine du sobriquet des habitants du village: les Tiâ pôlain (tue poulains). La légende veut en effet que les habitants d’Arnex à la suite d’une battue au loup aient confondu un poulain échappé dans les bois avec le terrible carnassier…

Morel privilégie une approche thématique et non un récit linéaire et chronologique. La plupart de ses sources proviennent des registres des Archives communales (notamment les procès-verbaux de la Municipalité et des plans cadastraux). D’autres sources sont issues des Archives cantonales vaudoises ainsi que des sociétés locales ou de documents en mains privées. Si quelques pages évoquent les trouvailles archéologiques ou les seigneurs d’Arnex, l’histoire de la commune ne commence véritablement qu’avec le début de la période bernoise. Faut-il voir dans ce parti pris de faire débuter l’histoire du village avec les Temps modernes un manque de documentation antérieure ou l’impossibilité pour l’auteur d’étudier des sources difficiles d’accès par la langue et la graphie? Ainsi, peu d’éléments sont rapportés pour le Moyen Âge. Tout au long de cette chronique villageoise, l’auteur fait un large usage de ses sources en recourant aux citations. Il nous renseigne sur les prix et les salaires des temps passés, la petite et la grande histoire qui ont marqué la vie de la commune et les inévitables querelles villageoises qui prêtent aujourd’hui à sourire. Les curiosités du passé et l’anecdote font ainsi bon ménage avec la présentation de documents autant inédits qu’instructifs.

Nous découvrons au fil des pages les familles nobles et bourgeoises d’Arnex, les sites archéologiques sur le territoire communal, l’organisation des autorités du village et son administration de la fin du Moyen Âge à nos jours à l’exemple des services du feu, de la Bourse des pauvres et l’aide sociale, le système scolaire accompagné de courtes notices sur les régents les plus marquants. Un chapitre est aussi consacré aux diverses sociétés locales ayant parsemé la vie villageoise au cours des derniers siècles (sociétés d’agriculture, crédit mutuel, sportives, abbaye et société de tir, jeunesse, de couture, de musique, etc.). Les chapitres dédiés à la vie agricole sont nombreux (cultures, sylviculture, bétail, porcheries, transformation du lait et viticulture pour cette commune sise sur les Côtes de l’Orbe) et nous offrent un tableau intéressant de l’évolution de l’agriculture vaudoise du XVIe au XXe siècle. Les autres secteurs de la vie économique villageoise ne sont pas négligés, à l’exemple des artisans et des commerçants. Les voies de communication, l’arrivée du téléphone (1896), de l’électricité (1903) et la construction de la ligne de chemin de fer (inauguration du tronçon Cossonay-Vallorbe en 1870) font l’objet de chapitres documentés. D’autres pages abordent les services communaux comme les sources (eau sous pression dans les ménages en 1908) ou le traitement des déchets et des eaux usées. La vie religieuse n’est pas oubliée et de nombreuses pages sont consacrées au Consistoire à l’Époque bernoise, à l’église et ses pasteurs ainsi qu’au cimetière. Ce bel ouvrage se conclut par plusieurs chapitres sur les constructions les plus notables du village, à commencer par les bâtiments communaux dont le clocher solitaire (1740) est certainement le plus remarquable, les battoirs, les fours à pain, le pressoir ou encore la bergerie aujourd’hui détruite, les moulins (avec la liste des propriétaires identifiés). À la fin du volume, un chapitre est dédié à l’auberge communale de la Croix-Blanche (1827), qui après de multiples transformations deviendra une discothèque fort courue dans les années 1980-1990 et contribuera à la renommée du village loin à la ronde. Enfin, le dernier chapitre s’intéresse au château d’Arnex (début XVIIe) et aux familles qui ont résidé entre les murs de cette maison forte (dont le patriote vaudois Pierre-Maurice Glayre et la famille patricienne bernoise de Lerber).

Cette présentation de l’ouvrage ne serait complète s’il n’était fait mention des nombreuses annexes dont des notices des différents dictionnaires historiques traitant d’Arnex – du Dictionnaire historique, géographique et de statistique du canton de Vaud (1867) au Dictionnaire historique de la Suisse (2001) – ainsi que des listes des baillis de Romaimôtier et des gouverneurs, puis syndics du village. Remarquons encore dans ces annexes un utile répertoire des lieux-dits de la commune accompagné d’une définition de leur sens en patois. Ce livre offre aussi une bibliographie, un registre des sources archivistiques et iconographiques ainsi qu’un index des noms de lieux et de personnes.

Si l’on peut parfois reprocher à son auteur d’être passé trop rapidement sur la période médiévale et de manquer de rigueur dans ses références textuelles, ainsi que de trop se focaliser sur l’histoire de sa commune sans remettre les événements dans un contexte politique et économique global, l’ouvrage de Morel donne un récit aussi intéressant que vivant d’Arnex au cours de ces cinq derniers siècles. Ce volume répond aux exigences d’un travail sérieux et qui plaira autant aux natifs du village qu’aux nouveaux habitants, à l’historien à la recherche d’informations spécifiques sur cette commune ou au généalogiste s’intéressant à ses familles bourgeoises et tout simplement aux nombreux curieux et passionnés par l’histoire vaudoise.

En conclusion, signalons que les recherches de Charles-Louis Morel sur son village et sa région se poursuivent sur un blog internet initié en 2011 [http://arnexhistoire.
blogspot.ch].

Zitierweise:
-les-bains: Compte rendu de: CHARLES-LOUIS MOREL, ARNEX-SUR-ORBE : UN VILLAGE, SES HABITANTS, AU FIL DES SIÈCLES, YVERDON-LES-BAINS : ÉDITIONS DE LA THIÈLE, 2008. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 121, 2013, p. 225-227

Redaktion
Autor(en)
Beiträger
Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 121, 2013, p. 225-227

Weitere Informationen
Klassifikation
Region(en)
Mehr zum Buch
Inhalte und Rezensionen
Verfügbarkeit